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Revue de presse / La Vanguardia du 28/03/2021 / L’ours Cachou dévoile l’existence d’un réseau de trafic de cocaïne dans le Val d’Aran

Proposition de traduction :

L’ours Cachou dévoile l’existence d’un réseau de trafic de cocaïne dans le Val d’Aran



Les écoutes téléphoniques sur la mort de l’animal ont amené à la découverte d’une bande de trafiquants colombiens avec un laboratoire de drogue à Lleida.

Mayka Navarro Barcelone

Il n’y a pas de précédent d’une enquête policière et judiciaire aussi audacieuse et courageuse pour la défense de la faune sauvage. Depuis avril de l’année dernière, une juge de Vielha, les Mossos d’Esquadra de la Área de Investigación Criminal del Pirineu Occidental et les agents ruraux travaillent discrètement pour déterminer qui a empoisonné l’ours Cachou avec de l’antigel, dont le cadavre avait été retrouvé dans un ravin d’une forêt de la commune de Les, dans le Val d’Aran. La phase d’instruction entre dans la dernière ligne droite et la magistrate finalise ces jours-ci les préparatifs pour interroger six autres personnes en qualité de « témoins assistés ». Cette semaine, elle a reçu le résultat de l’analyse des dispositifs électroniques placés aux domiciles de certains des suspects. À l’heure actuelle, six personnes apparaissent dans la procédure comme « témoins assistés », parmi lesquelles deux se distinguent, que les enquêteurs désignent comme directement responsables de la mort de l’animal. Et, comme dernière surprise, La Vanguardia a confirmé vendredi comment, lors des écoutes téléphoniques, les Mossos ont découvert un mouvement suspect de cocaïne dans le Val d’Aran. Résultat ? Une enquête parallèle et le démantèlement d’une organisation criminelle dirigée par des Colombiens avec douze interpellations à Castellón, Lleida et Vielha au cours des dernières heures.

Qui aurait pensé que le pauvre ours conduirait les Mossos à saisir deux kilos de cocaïne à Vielha et à démanteler un laboratoire de fabrication de drogue géré par une organisation colombienne basée dans la région ? Comme le reconnaissait au journal ce vendredi une source officielle au courant de l’affaire, c’est comme si l’animal en remerciement pour l’effort partagé par la juge, les Mossos et les agents ruraux leur avait répondu avec l’organisation présumée de trafiquants de drogue.

Le juge clôt l’enquête des Mossos sur la mort de l’ours avec seulement deux accusés de son empoisonnement

Mais revenons au début. L’apparition du corps de Cachou a conduit à l’ouverture d’une enquête pour laquelle la juge a décrété le secret de la procédure. Elle n’avait pas le choix. Dans un environnement particulièrement fermé comme le Val d’Aran, où pratiquement tout le monde se connaît, deux des principaux suspects étaient un agent de l’environnement du Conseil Général d’Aran, Aran Medán Guerrero, et celui qui fut conseiller territorial au gouvernement aranais entre 2015 et 2019, José Antonio Boya Quintana. Le premier a participé au programme de suivi des ours et le second a géré à l’époque les fonds européens pour son repeuplement dans les Pyrénées. Soit l’enquête était complètement fermée, soit il aurait été impossible d’aller plus en avant sans fuites mettant en danger le travail de la police par la destruction de preuves, selon des sources proches du dossier.

L’enquête est toujours ouverte. Jusqu’à présent, la juge n’a retiré le statut de « témoin assisté » à aucune des personnes qui ont été déclarées comme telles dans l’affaire. Tant les Mossos que les agents ruraux qui ont travaillé ensemble depuis le début, tous ont découvert à quel point dans le Val d’Aran l’ours, et plus particulièrement Cachou, en raison des incidents impliquant des chevaux et du bétail, était détesté par de nombreux habitants de la région. Des gens qui vivent en pleine nature, qui sont passionnés par leurs animaux et l’environnement, mais qui voyaient le plantigrade comme une menace. C’est pourquoi ils ont manigancé la manière de se débarrasser de lui, faisant croire qu’il avait été le protagoniste d’une dispute avec un autre ours et était tombé au fond du ravin.

Au cours de ces mois d’écoutes téléphoniques au cours desquelles la juge et les Mossos ont tenté de découvrir comment fut organisée la mort de Cachou, des références indirectes à l’achat de cocaïne se glissèrent dans les conversations qui suscitèrent l’intérêt des enquêteurs. Les policiers ont informé la juge des soupçons et elle a autorisé à ouvrir une procédure séparée qui a explosé vendredi avec les douze arrestations suite à une nouvelle enquête en collaboration avec la Police Nationale car trois des personnes arrêtées se trouvaient à Villarreal et Almazora, Castellón, et le reste à Lleida et Vielha.

À Lleida, les détenus disposaient d’un laboratoire dans lequel on présume qu’ils transformaient de la pâte de cocaïne importée de Colombie en drogues prêtes à l’emploi. L’organisation avait des tentacules à Castellón et une partie du gang était basée dans le Val d’Aran, où les trafiquants vendaient de grandes quantités de drogue directement aux consommateurs.

Parmi les douze détenus figurait le maire du district de Casau, dans le Val d’Aran, Juan Berdié, qui a été remis en liberté samedi après-midi avec chef d’inculpation. Dix des douze personnes interpellées sont des Colombiens et les deux autres Espagnols.