L’œil du 20 H / France 2 / Dordogne… et au milieu coule le béton

La Dordogne, une des plus belles vallées de France, dominée par Beynac et son château. Sur la carte postale aussi : des ponts inachevés, des chantiers à l’arrêt, des dalles de béton qu’il faudra peut-être bientôt démolir. Car les travaux, d’abord autorisés par l’Etat viennent d’être stoppés, mais un peu tard. Enquête sur un paysage bouleversé, peut-être pour rien.

Article à retrouver sur le site de France TV Info, ICI.

Les piles du pont étaient à peine sorties du lit de la rivière. La déviation de Beynac devait passer ici, pour contourner le village médiéval et ses bouchons. 3,5 kilomètres de route, un tunnel, deux viaducs… Un projet à 32 millions d’euros, à l’arrêt depuis le 28 décembre dernier.

Stoppé net par le Conseil d’État. Un comble, alors que cette dalle de 900m3 de béton avait été coulée la veille. Les magistrats soulignent que la déviation “ne répond pas à une raison impérative d’intérêt public majeur”, et que le chantier met en danger une zone et des espèces protégées.

Une victoire au goût amer qui arrive trop tard pour ces défenseurs de la vallée, qui se battent depuis 30 ans contre ce projet. “On trouve que c’est beaucoup d’argent dépensé, avec un massacre de l’environnement important, et il va bien falloir l’enlever et dépenser de l’argent pour mettre le site en état”, estime Michel André, président de l’association Sepanso, dont le Conseil d’État a validé le recours.

Les travaux avaient pourtant été validés par toutes les autorités jusqu’alors : commissions, préfecture, tribunaux, et agences de l’environnement… Le président du Conseil départemental, qui a déjà investi 15 millions dans le chantier, ne décolère pas.

“Aujourd’hui, la situation est scandaleuse aux yeux des habitants de la Dordogne. On nous a autorisé à faire des travaux, on engage des travaux, et aujourd’hui on nous dit “vous n’êtes plus autorisé”. On est victimes du mauvais fonctionnement de l’État, explique Germinal Peiro, président du département de la Dordogne. Si l’État veut les enlever, il va se débrouiller, il va le faire tout seul. Mais je peux vous dire qu’il y aura du monde au bord de la rivière pour venir voir les travaux ce jour là. Et pour dire “halte au gaspillage de l’argent public”.”

Pour l’instant les travaux ne sont que suspendu. Il faudra attendre 6 mois, au moins, et le jugement du tribunal administratif de Bordeaux, pour savoir si les piles des ponts doivent être démolies ou si les travaux peuvent reprendre.

En attendant, d’énormes blocs de béton et d’acier doivent encore être livrés d’ici quinze jours. Ils devront être stockés dans la vallée. Cet été au pied du château, les milliers de tonnes de béton seront du plus bel effet sur la carte postale.

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