Tribune Libre – L’histoire d’un autel votif – par Jojo Escario

Autel votifNous avons appris par la presse qu’un autel votif inscrit et décoré, découvert à SAINT-BEAT en 1946, datant du 2ème siècle de notre ère était en cours d’acquisition par le Conseil Départemental auprès d’un antiquaire collectionneur privé norvégien.

L’histoire serait banale si les habitants de SAINT-BEAT n’avaient connaissance d’un autel votif récupéré à l’époque par le directeur de la Société des Produits Azotés, monsieur KAUFMANN que la veuve lors de son retour au pays natal aurait fait don à un musée d’OSLO.

Le conservateur du musée d’archéologie de SAINT-BERTRAND-de-COMMINGES, monsieur SCHENCK, alerté et soucieux d’en savoir plus, doit se rendre incessamment en NORVEGE.

Nos investigations nous apprennent que les autels votifs découverts à SAINT-BEAT par un dénommé CHARLES dit « le Seigneur » ont été donnés par délibération du conseil municipal de SAINT-BEAT au musée de SAINT-BERTRAND et que monsieur Bertrand SAPENE, conservateur des fouilles de SAINT-BERTRAND n’a pu photographier deux de ces autels. Toutefois, une description de ces deux autels a été faite par Mlle PASSARET une habitante de SAINT-BEAT a qui CHARLES faisait état de ses découvertes. Cette description précise doit nous permettre si c’est nécessaire de les authentifier.

Des questions sont posées. Cet autel votif   est-il celui récupéré par le directeur de la Société des Produits Azotés ou un de ceux photographiés par monsieur SAPENE ? Comment se retrouve-t-il en NORVEGE ?

L’enquête à la SCHERLOK HOLMES qui vient de commencer nous passionne.

Le lecteur peut s’étonner que des SAINT-BEATAIS portent autant d’intérêt à un autel découvert à SAINT-BEAT il y a plus de 70 ans.

Pour l’éclairer il faut connaitre la fonction de l’autel votif.

Dans le monde gréco-romain, l’autel est un monument de pierre au sommet duquel est emménagé un espace plan. Ce dernier était muni d’un foyer sur lequel sont brulées des offrandes cadeau fait à un dieu pour lui demander une faveur ou le remercier de l’avoir réalisée. L’autel votif portait le nom de la divinité à laquelle il était dédié, suivi du nom du dédicant qui le commandait. Il possédait la formule stéréotypée, VSLM qui signifie que le fidèle avait formulé son vœu de bon gré et avec une juste reconnaissance.

A Saint-Béat le dieu invoqué était ERRIAPE, dieu protecteur des ouvriers spécialisés dans la sculpture du marbre qui avaient leur atelier et leur sanctuaire au Mailh deras Figuras.

Ces coutumes peuvent être rapprochées de celles pratiquées aujourd’hui.

Saint ANTOINE en est un bon exemple. Il est imploré pour retrouver un objet perdu. Mais il semble qu’il soit intéressé puisqu’il faut d’abord verser l’offrande dans l’urne disposée au pied de sa statue pour être sûr que le vœu soit exaucé.

L’autre exemple vient d’une reconnaissance divine des habitants de SAINT-BEAT envers la Sainte Vierge. En 1855, une épidémie de choléra décima une partie de la population de la vallée. Les habitants se tournèrent vers le ciel pour conjurer le fléau et leur confiance se porta sur la Sainte Vierge. Leur vœu fut exaucé. En reconnaissance, ils élevèrent une statue sur le parterre du château. Ils écrivirent sur le piédestal : « Posuerunt me Custodem » : « ils m’ont établie leur gardienne » et depuis les habitants de SAINT-BEAT implorent la VIERGE du Château pour quelle vienne au secours des malades et des affligés.

Aujourd’hui, il est rare d’écrire sur le marbre des remerciements pour un vœu exaucé. Les lettres VSLM utilisées au temps de la Rome antique font penser aux SMS actuels envoyés par téléphone interposé. Et pourquoi certains n’enverraient-ils pas des SMS à la Vierge du Château pour la remercier  ?

 

16 réflexions sur « Tribune Libre – L’histoire d’un autel votif – par Jojo Escario »

  1. Si j’en crois la Dépêche de ce matin , le fameux autel votif , nous le reverrons à Sain-Bertrand de la mi-mai à la fin septembre , lors de l’exposition sur les carrières de Saint-Béat annoncée par Jean-Luc Schenck ,conservateur du musée archéologique de Saint-Bertrand

  2. Les valeurs se perdent . Côté Pique ,inutile d’insister , c’est la cata ! Attendons la suite . Peut -être que nos jeunes et moins jeunes réagiront . Il est temps !

  3. On va tous finir en consultation à la future maison de la santé de Cierp!
    J’espère qu’ils auront un bon Psy! 🙂 🙂 🙂

  4. Il s’arrêtera sûrement au musée de Saint-Bertrand de Comminges, .Son conservateur ,Jean-Luc Schenck s’est donné beaucoup de mal pour le retrouver ce fameux autel votif …alors ..pas de presse-papier (trop lourd !! ) espérons-le

  5. A en croire l’article sur La Dépêche du midi d’aujourd’hui l’autel votif vient d’être acquis par le Conseil départemental . Il est de retour au pays !! Nous pourrons donc l’admirer

  6. Tout à fait !! j’y ai repensé en voyant ton nom et en relisant dans Saint-Béat en ce temps -là où il est question de la maison de Pauline et Louis (je le revois foulant pieds nus pantalon relevé , les raisins en bas de la cuisine !!) et nos escapades dans le jardin si fleuri ,je sens encore les pivoines !!J’ai aussi parlé de toi avec Melle Fontan ; je vais assez souvent au cimetière à St-Béat mon mari étant décédé l’an dernier donc je passe devant chez toi et je regarde au cas où ? un jour peut-être ?

  7. Entre parenthèse ,Maite –,qu’es – tu devenue ? Te souviens – tu de nos “bonds ” sur le lit de chez tante Pauline ?( rue de Dessus)

  8. Bonjour Fernand Je ne sais pas d’où tu tires Nicolas pour le “Seigneur “Je ne l’ai jamais entendu dire ?? ou alors j’ai oublié c’était Charles pour moi ..En fait à l’origine c’était le “saigneur” car il saignait je ne sais quelles bêtes mais c’est tellement joli Seigneur au lieu de Saigneur …
    La Vierge , de 3m de haut pesant 890kg sur un piedestal de 4m de hauteur(sources : L’Eglise de Saint-Béat parl’abbé Vignes )a bien été érigée à la suite de l’épidémie de choléra et la chapelle construite plus tard pour accueillir les pèlerins devint en 1860 le siège de la confrérie des malades (toujours d’après l’abbé Vignes ) Pendant des années nous allions le 15 août avec la vierge noire sur les épaules!!(nous nous disputions presque pour la porter !! ) aux vêpres à la chapelle du château et Jojo doit bien se souvenir que le lundi après notre communion solennelle nous y montions aussi pour une messe !! Le jardin était très bien entretenu par Juliette la maman de Jojo que nous aidions à notre façon !! Aussi quand on voit l’état dans lequel est cette chapelle , quelle tristesse pour les “vieux enfants” que nous sommes devenus .. Souvenirs souvenirs …

  9. La teigne n’est pas une maladie grave, mais elle est particulièrement ” humiliante, irritante et inesthétique”
    Merci de m’apprendre l’origine du mot TIGNERIE.
    Jojo

  10. Bonsoir,
    En ce qui concerne les autels votifs je pense que c’est Charles dit “Le seigneur Nicolas” qui attrapait les serpents et les mettait autour de son cou, je l’ai bien connu jusqu’à sa fin…
    Pour la vierge la maladie était la “teigne” d’où le quartier de la “Tignerie “il y a les limites encore.
    Faudrait parler de tout ça à Marie Thérèse Ané dit Maité, très pointue sur le sujet.

  11. Tu sais, Jojo, les SMS ne sont pas faits pour la Sainte-Vierge ! Le cœur, la prière, le recueillement, la foi enfin, sont amplement suffisants !
    Michelle

  12. Il y a beaucoup de chose à écrire sur le sujet!
    Notre région a particulièrement été pillée.
    Un exemple parmi d’autres.
    On se demande ce que font des autels votifs dans des musées comme celui de Nantes.
    Dans le Musée Dobrée de Nantes 4 autels en marbre (2 avec dédicaces, 2 anépigraphes) provenant de Cierp-Gaud et d’Arlos (près de St Béat). L’un dédié par Uria, fille de Rufus, l’autre par Aulus Furius Festus au dieu Alardossus.
    Quant au “Mailh deras Figuras”, site totalement abandonné, quand on voit les images du début du siècle dernier avec ses 2 étangs et maintenant un lieu tout en friche et une décharge (sauvage ou pas?) à flanc de falaise. Cela fait ch…
    Un jour on trouvera peut-être un autel votif estampillé CCCSB… 🙂

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